Sophie RIEHL

aimer la différence

Auteure de la publication

sortir du dictât du paraître

 

Une fois n’est pas coutume, je vais parler pour cet article de mon histoire et expérience personnelles, car je ressens qu’elles correspondent à nombre de personnes. Les témoignages sont importants pour permettre de partager les compréhensions de la vie. Ici, il s’agit de se réconcilier avec l’image, le comportement, le paraître, pour revenir vers l’authenticité, la spontanéité et le naturel. Être Soi en se déconditionnant des comportements sociaux, moraux, « bien-pensants » permet de retrouver la liberté intérieure et d’exprimer son unicité.

Voici un aperçu de mon transgénérationnel dans la lignée féminine. Ma grand-mère est née en 1924, elle a été assez tôt orpheline de mère, avec une blessure d’abandon. Elle a peu travaillé dans sa vie, juste quelques années quand elle était jeune. Elle est ensuite restée à la maison s’occuper de ses deux filles, dépendante de son mari toute sa vie. Ma mère est l’aînée, elle est née en 1941, pendant la guerre, la pénurie et l’insécurité. Il était difficile de se procurer à manger, d’avoir le nécessaire pour vivre. De plus mon grand-père a été prisonnier de guerre en Allemagne pendant 4 ans. Elle n’a donc pas côtoyé son père pendant ses premières années. Ensuite il revenu perturbé de ces années, ce qui est tout à fait normal. Mais il n’y avait pas de suivi psychologique à l’époque. Elle avait donc une mère dont l’enfant intérieur n’a pas pu grandir (en absence d’elle-même) et un père tourmenté, voire violent.

Pour ma mère, le rapport au corps est très important, la minceur est un signe d’intelligence. Elle a été dans le contrôle toute sa vie, et lorsqu’elle était enceinte de moi, il ne fallait pas prendre de poids ni que ça se voit. Grâce à mon travail personnel et à la libération de mes mémoires, je me suis rappelée des sensations dans son ventre, et j’avais faim ! Elle ne se nourrissait pas assez pour deux, et il ne fallait pas prendre trop de place. Elle ne voulait pas spécialement d’enfant, elle l’a fait pour garder l’homme à la maison (beau programme) et ils voulaient un garçon. Quand je suis née, elle a essayé de m’allaiter. Mais son lait était acide, et il n’y en avait pas suffisamment. Tout cela simplement pour vous montrer les imprégnations qui peuvent se déposer en nous dans le transgénérationnel et la vie fœtale. Mon corps a commencé sa construction à partir d’une information de manque, de disette (il n’y en a pas assez pour tous). Je vais simplement restée axée sur ce rapport à la nourriture et à l’apparence. Ma mère est une excellente cuisinière et elle nous faisait des plats riches (gratins, plats en sauce)… C’était aussi cette mentalité qu’il fallait absolument finir son assiette et que manger sa soupe était très important. Une fois j’ai refusé, elle m’a resservi mon assiette trois jours. Il est possible que cela m’ait mise un peu en colère… Il est aussi important de comprendre que nous teintons tout de notre vibration. Ma mère portait beaucoup de tristesses intérieures, sans s’en rendre compte. Et en cuisinant cette vibration se déposait dans la nourriture. Donc en mangeant, mon corps recevait un message contradictoire de vide (la tristesse) et de plein (sans être comblée). J’ai donc été élevée dans cette croyance inconsciente qu’il faut absolument être mince pour être « correcte ». Déjà adolescente, je « réfléchissais » sur ce qu’il était correct ou pas de porter à ma bouche. Ceci dit, je n’avais pas problème de poids, j’étais mince naturellement et j’avais des activités sportives. Donc ces conditionnements sont restés latents. J’ai eu cinq enfants et mon corps a fait le yoyo car j’ai eu des bébés qui pesaient entre 4 kg et 4,6 kg (l’inverse de mon programme prénatal). Je perdais naturellement après les premières grossesses mais après ça a été plus dur, je connais donc bien les régimes. Il y a deux, trois ans, en vacances chez ma mère, elle regardait un jeu télévisée et la participante était une femme très talentueuse, mais très forte physiquement, et ma mère a eu cette réflexion : « mon Dieu, la pauvre, comme sa vie doit être difficile, elle ne doit pas s’en sortir ». C’était totalement sincère, elle y croyait vraiment.

Combien d’imprégnations avons-nous comme cela, renforcés par les magazines, les croyances sociales ? De quelle manière vous nourrissez-vous, vous comportez-vous ? Faites-vous cela car tel professionnel de la santé ou du bien-être l’a affirmé ? Parce que la majorité des gens y croient ? Ou parce que votre intuition vous le demande ? J’ai axé cet article sur la nourriture, mais il s’adapte à tous les conditionnements que nous ne remettons peut-être pas suffisamment en cause. Et je pense que le masculin lui aussi a ses carcans, qu’il subit le paraître et l’image sociale autant que nous, avec en prime une interdiction à exprimer sa sensibilité.

Peu importe que l’on soit mince ou rond, grand ou petit, les cheveux longs ou courts, peu importe notre façon de nous habiller du moment que nous sommes en accord avec nous-même et que nos choix sont personnels, du moment que nous nous aimons autant à l’intérieur qu’à l’extérieur pour refléter l’unité.

Pour conclure cet article, j’ai eu envie de faire un clin d’œil aux magnifiques publicités qui nous vendent du rêve. Il y a plusieurs années, j’ai au travers d’une maladie réparé justement cette relation souffrante au maternel et au féminin. Toutes nos expériences font de nous un être unique. Sachons honorer tout ce qui nous fait grandir et retrouver une version encore plus grande de nous-même.

 

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